Tokyo Vampire Hotel

C?est bien connu : les films de vampires sont le dépotoir radioactif de la culture populaire, et rien de bon n?en sort jamais. Or, voici qu?un long métrage de Sion Sono surgit de toute cette cendre et hurle à tue-tête que le genre en question vit toujours ? d?une vie hideuse, mutante et maléfique. À l?origine, TOKYO VAMPIRE HOTEL était une série en dix épisodes créée pour Amazon Prime. Sono a concentré plus de six heures de scénario pour en faire ce film de deux heures. Résultat : un canon à confettis bourré de pétards sanglants et pointé directement sur votre nez. Deux heures de flamboyant grabuge tourné en partie dans d?énormes salles d?enregistrement éclairées comme les films de Seijun Suzuki, et en partie dans les ténébreuses mines de sel de Roumanie. TVH se déroule en 2021 et raconte l?histoire de deux familles de vampires, les Draculas et les Corvins, alors qu?ils font leurs préparatifs en vue de la fin du monde. Et quels préparatifs!

Les Draculas se sont retirés du monde, habitant dorénavant quelque part en Transylvanie dans une mine de sel interdimensionnelle. Ils portent leurs amples chemises de pirates, et ont encore très peur des crucifix. Les Corvins, quant à eux, sont tous hyper sexy, et vivent dans un chic hôtel situé au fond du vagin interdimensionnel de leur chère matriarche. Ils ont d?ailleurs invité un troupeau d?humains à visiter leur hôtel pour participer à un « Party de Baise Spécial! » qui devrait en principe leur procurer une réserve de sang infinie pour les longues années à venir. C?est alors qu?arrive Manami (interprétée par Ami Tomite), une fille en quête d?appartenance, et qui a dans les veines un sang vampirique très spécial. Les Draculas veulent que Manami vienne habiter dans leur bunker transylvanien, mais les Corvins tiennent mordicus à la garder auprès d?eux dans leur hôtel. En moins de deux, voici que tout le monde veut se tirer dessus pour s?approprier cette fille avant que ne survienne l?apocalypse. Entre les fusillades orgiaques à la SCARFACE et les scènes de tape-à-l??il baroque, Sono trouve quand même le moyen d?insuffler de l?émotion là où on s?y attend le moins. Voici un immense gâteau dégoulinant de faux sang, saupoudré d?accords de musique classique, avec quelque chose de cramoisi posé au sommet : non pas une cerise, mais une sombre allégorie de la cruauté humaine. - Traduction : David Pellerin